Le Château dans le Ciel (Laputa) – Là où se croisent rêves, terre et ciel

Introduction – Une histoire qui va au-delà de l’aventure
Le Château dans le Ciel peut sembler être l’histoire d’un garçon et d’une fille à la poursuite d’une cité volante, mais sous les dirigeables et les pierres volantes se cache un récit humain plus profond. C’est l’histoire de l’ambition, de la perte et des choix que nous faisons entre rêve et réalité. En suivant Pazu et Sheeta à travers ciel et mines, on ne regarde pas seulement une aventure : on entrevoit un miroir de nos propres vies et l’on se demande : où appartient-on vraiment ?


1. Un monde entre ciel et terre

L’univers de Laputa se déroule à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, rappelant l’époque de la Révolution industrielle. Les moteurs à vapeur et les dirigeables dominent le ciel, tandis que la ville minière où vit Pazu s’inspire des villes minières du pays de Galles. Miyazaki lui-même a visité des mines abandonnées en Angleterre, et ces paysages couverts de suie symbolisent le pouvoir de la civilisation de créer et de détruire à la fois.

Au-dessus de tout flotte Laputa, la légendaire cité dans le ciel. Pour les habitants de la Terre, elle est un mythe, mais elle existe réellement. Cette séparation entre ciel et terre reflète une époque où la science pouvait susciter émerveillement et crainte à la fois.


2. Science vs Nature – Les deux visages de Laputa

Au cœur de Laputa se trouve la pierre volante, technologie incarnant les ambitions scientifiques les plus grandes de l’humanité. Pourtant, son pouvoir est incontrôlable. Laputa est à la fois un paradis et une arme. Les robots gardiens entretiennent les jardins avec douceur, mais la cité peut aussi dévaster le monde en dessous. Cette dualité fait de Laputa une parabole de l’histoire humaine.

Ceux qui convoitent ce pouvoir – Muska et le gouvernement – symbolisent l’autorité de la science. À l’inverse, Pazu et la famille de Dola, ancrés à la terre, incarnent la chaleur et la résilience humaines. Le contraste entre la sagesse ancienne perdue dans le ciel et la vie simple sur Terre donne à l’histoire toute sa profondeur.


3. Les personnages – Reflets de l’humanité

Pazu – Le garçon qui croit au ciel

Pazu, travaillant dans les mines, porte la preuve de Laputa laissée par son père décédé. Son regard vers le ciel est une prière silencieuse pour honorer l’héritage de son père, pas un simple désir d’aventure. Miyazaki a insufflé en Pazu ses propres souvenirs d’enfance, faisant du garçon un contrepoint aux obsédés par le pouvoir.

Sheeta – La fille qui revient à la terre

Sheeta, descendante de la lignée royale de Laputa, incarne l’idée que l’homme doit être enraciné pour véritablement vivre. Initialement fragile, elle se voit offrir une force intérieure qui lui permet de prononcer le sort destructeur “Balse” – non par faiblesse, mais par courage pour l’avenir.

Muska – L’homme consumé par le ciel

Muska voit Laputa uniquement comme un outil de pouvoir. Sa célèbre phrase, « Les gens ne sont rien d’autre que des déchets ! », reflète la vision extrême d’une civilisation qui considère les humains comme de simples instruments. Miyazaki le conçoit comme un miroir sombre de ce que l’homme pourrait devenir si l’ambition l’emportait sur la morale – un reflet de l’humanité et du réalisateur lui-même.


4. Où l’homme doit-il revenir ?

Les mots de Sheeta: « L’homme ne peut vraiment vivre que s’il est enraciné dans la terre » révèlent le message profond du film. L’homme rêve du ciel et poursuit la science à ses limites, mais le vrai refuge est sur Terre.

Laputa s’effondre, laissant Pazu et Sheeta retourner dans leur ville minière, un lieu réel empli de l’odeur de la terre. Miyazaki insistait sur le fait que Laputa ne devait jamais être un paradis parfait : elle représente l’orgueil humain et le paradoxe que, face à la folie, l’homme ne peut cesser de rêver.


5. Épilogue – Une histoire qui résonne

Le Château dans le Ciel n’est pas seulement une aventure : c’est un miroir de l’histoire humaine. Industrie et nature, science et foi, ciel et terre. À travers ces tensions, Laputa reflète silencieusement nos propres luttes. Et lorsque l’histoire se termine, elle nous laisse une question subtile : où appartient-on vraiment ?


Miyazaki, Hayao, director. Laputa: Castle in the Sky. Studio Ghibli, 1986.

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