Nature vs Industrie : le dilemme de Princesse Mononoké

1. Introduction

Sorti en 1997, Princesse Mononoké se distingue comme l’une des œuvres les plus profondes du Studio Ghibli, reflétant fortement l’histoire japonaise, la vision de la nature et les problèmes sociaux contemporains.
Au cœur de l’histoire se trouve la tension entre la destruction de l’environnement et le développement industriel. Bien que cela puisse sembler être simplement « la forêt contre l’homme », le réalisateur Hayao Miyazaki y intègre une perspective bien plus complexe.
Dans cet article, nous allons explorer plus en profondeur les thèmes et le contexte historique du film pour en révéler tout l’attrait.


2. Contexte Historique

*L’histoire se déroule au Japon entre le XIVᵉ et le XVIᵉ siècle, une période marquée par la guerre et les bouleversements sociaux. Les montagnes ont été exploitées pour le fer, et de vastes forêts ont disparu.
Le « Tatara » présenté dans le film symbolise cette quête de développement industriel. Si le fer apporte la prospérité à la société, il accélère également la destruction de la nature.

Derrière l’apparition de gigantesques bêtes et d’esprits de la nature se cache la vision animiste traditionnelle du Japon. Le film reflète la croyance ancienne aux yaoyorozu no kami (« les huit millions de dieux ») et la crainte profonde des tatari-gami, les esprits vengeurs.*


3. Thèmes Incarnés par les Personnages

*L’une des forces de Princesse Mononoké réside dans le fait que ses personnages ne sont pas définis par de simples notions de « bien » ou « mal ».

Lady Eboshi, tout en sacrifiant la nature, offre refuge et sens à la vie des exclus, des malades et des femmes.

San (la « Princesse Mononoké »), bien qu’humaine, se range du côté de la nature, portant en elle la contradiction de haïr ses semblables.

Ashitaka se place au milieu, cherchant à observer à la fois l’humanité et la nature avec ce que le film appelle les « yeux sans nuage ».

Cette dynamique reflète le dilemme même entre progrès industriel et préservation de l’environnement.*


4. Destruction de l’Environnement et la « Malédiction »

*La « malédiction » qui frappe Ashitaka symbolise les conséquences que subit l’humanité lorsqu’elle détruit la nature. Le sanglier enragé et le dieu-forêt en furie sont des allégories montrant comment la destruction de l’environnement peut devenir incontrôlable et finir par se retourner contre l’homme.

Comme message pour le monde moderne, Princesse Mononoké nous parle directement au XXIᵉ siècle. Derrière le confort de la vie moderne et la quête de croissance économique se cache la destruction continue de l’environnement. Refuser d’ignorer cette contradiction et se demander « Comment devrions-nous vivre ? » nous rapproche de la perspective des « yeux sans nuage » que cherche à incarner Ashitaka.*


5. Coexistence avec des Contradictions, Pas l’Harmonie

À la fin de l’histoire, Ashitaka et San ne choisissent pas de vivre entièrement ensemble. Les humains et la nature ne peuvent atteindre une harmonie parfaite.
Pourtant, le film montre qu’ils cherchent un avenir tout en se respectant mutuellement. Cela transmet un message réaliste : « La coexistence entre la nature et l’industrie n’est pas facile, mais c’est un chemin que nous devons poursuivre malgré tout. »


Miyazaki, Hayao, director. Princess Mononoke. Studio Ghibli, 1997.

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